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LMC FORMATIONS &  CONSEILS - Genève  

ARTICLE - 2023 - Gilles Boix
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« Les métiers de la Supply Chain sont désormais placés au cœur des enjeux stratégiques des Entreprises.

Il ne s’agit plus, comme il y a quelques années, de seulement bien maîtriser ses achats, ses coûts de production, son transport ou son stock. 

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Il s’agit désormais de savoir optimiser toute la chaîne logistique, de l’achat de la matière première à la livraison d’un produit fini ou d’un service au client final.

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Dans ce vaste domaine logistique, les mots clés ont changé :

De « Maîtrise de la Qualité, des Coûts, et des Délais », du « bon produit au bon moment au bon endroit », du « contrôle des flux physiques et d’informations », nous sommes maintenant sur des mots clés tels que "transversalité, intégration, collaboratif, participatif, agilité, flexibilité, volatilité, adaptabilité, visibilité, time to market, omnichannel, compliance, end to end traceability, cloud & crowd-logistics, Corporate Social Responsability".

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Les anciennes méthodes, largement mais pas toujours uniformément répandues, restent au combien valables, mais ces best practices sont bien souvent considérées aujourd’hui comme les « basiques non négociables », les pré-requis évidents à l’instar du verrouillage centralisé dans une voiture ou des volets motorisés dans les nouvelles constructions.

Les fortes évolutions technologiques et digitales, conjuguées à la prise en compte croissante des enjeux sur la responsabilité sociale (et environnementale) des entreprises, font émerger des changements majeurs dans les métiers de la Supply Chain. 

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- Le temps est à l’innovation, à l’ouverture, à la qualité et à la rapidité du service (y compris du service après-vente), à l’exclusivité de l’expérience fournie au client.

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- Le temps est aussi à la prédiction (des évolutions de taux de change, de mobilité massive de touristes, de phénomènes politiques, climatiques, sociaux, économiques ou environnementaux, et même du terrorisme) et à la retranscription de ces prédictions en actions logistiques.

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- Le temps est encore à la géolocalisation (via smartphone, montres connectées et bientôt des puces implantées) pour suggérer et orienter la consommation de biens, au préalable calculée par des Business Planner (via de puissants serveurs) qui auront déjà anticipé et organisé des flux et des livraisons.

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- Le temps est enfin aux livraisons quasi instantanées de médicaments, de pizzas, de chaussures par drones ou par robots !

Tout récemment, le transport d’organes (pour des transplantations urgentes) s’est effectué entre 2 hôpitaux par drone tant cette technologie est devenue sûre. 

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Ce temps est bien évidemment rythmé par les colosses de l’économie mondiale (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), eux-mêmes déjà secoués par les nouveaux « conquistadors » (Uber, Tesla, Ebay, Blablacar, Airbnb, Alibaba) qui creusent et développent des niches bien précises (crowd-logistic pour le pilotage concurrentiel du fameux et coûteux « dernier kilomètre »). 

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Ces derniers se retrouvent même désormais talonnés par des explorateurs qui ne se fixent que peu de limites dans leur créativité à développer de nouveaux services, de nouveaux métiers, de nouvelles perspectives (co-stockage, co-livraisons, co-achats responsables …) dans une société et une économie en profondes mutations. 

Les prestataires historiques, forts de leurs expertises et assis sur leurs solides légitimités (cadre légal et assurances), s’adaptent parfois avec brio (La Poste en Suisse) et s’engagent avec force et conviction dans la bataille.

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Les années à venir risquent de donner lieu à une redistribution des cartes, l’intégration des nouvelles technologies et des contraintes environnementales sera ici encore décisive dans l’émergence des nouveaux « gouvernants » de ce secteur très convoité … »

ARTICLE - Mars 2020 - Gilles Boix

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Au cœur de cette crise sanitaire majeure, derrière ce premier rang direct ou indirect de professionnels de santé, admirable dans sa mise en action et dans ses nombreux courages, voilà donc certains métiers bien involontairement mis sur le devant de la scène médiatique.

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Parmi ces métiers, ceux de la grande chaine logistique, ou « Supply Chain », ne sont pas habitués à voir tant de lumière se projeter sur leurs actions et leurs décisions.

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Actuellement en pleine mutation digitale et technologique, ces métiers qui vont de l’achat de matières premières à la prévision de ventes de produits finis, en passant par la planification de production et par de nombreux autres maillons clés, sont pourtant mis à rude épreuve depuis de nombreuses années.

Des secteurs industriels et commerciaux aux domaines humanitaires, du secteur des services à celui de la santé, du tourisme, de l’agriculture, de l’énergie et j’en passe, que de chemin parcouru par cette fameuse « logistique », initialement inventée par les militaires en quête de meilleure gestion de leurs flux (de matériels, de nourritures, de médicaments, de blessés ou d’informations)

 

Ce secteur a donc le vent en poupe, sous le feu de projecteurs qui se focalisent sur des pénuries ou des lenteurs d’acheminement (de masques, de gants, de gel hydroalcoolique, de respirateurs, de blouses, de tests, de lingettes désinfectantes …), en réaction à une situation inédite, d’une ampleur et d’une rapidité imprévisibles.

 

Le sujet de la pénurie de masques est très sensible, et met en évidence les enjeux fondamentaux de cette fameuse logistique apparemment défaillante aux yeux de tous les commentateurs. « Il n’y a que des Généraux après la bataille ! »

La « logistique », ce n’est pas seulement produire et livrer, c’est aussi planifier (la demande) et organiser (les stocks et les flux).

 

Certains diront que cette crise sanitaire (et ses besoins en matériels) était écrite à l’avance, prédite par de nombreux médecins, scientifiques, chercheurs, intellectuels ou politiciens, et même annoncée par Bill Gates dans un Ted Talk.

Mais alors, pourquoi ne pas l’avoir mieux anticipée, planifiée ? A cette question, Pierre Dac aurait sûrement répondu par sa maxime : « La prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir … ».

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Mais revenons à la Logistique :

Même si c’est encore loin d’être le cas au moment où ces quelques lignes sont rédigées, les pénuries d’aujourd’hui donneront peut-être les surstocks de demain, une fois que la fameuse « demande » s’estompera et que les tensions compréhensibles, auront laissées place à d’autres besoins devenus urgents à leur tour. (de savons ? de batteries de smartphones ?...).

C’est alors peut-être que d’autres difficultés apparaitront, comme par exemple celle de savoir où stocker ces millions (milliards ?) de masques qui prendront finalement beaucoup de place sur des étagères, ou encore celle de savoir comment utiliser tous ces respirateurs qui demanderont peut-être aussi une maintenance coûteuse.

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Dans le cas présent, la possibilité de mettre à disposition d’autres pays ces outils et matériels sanitaires permettra, il faut le souhaiter, une issue de bon sens, humaine et responsable, à notre volonté de faire face sans compter à cette pandémie meurtrière.

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Les équipes en charge des prévisions de vente, des planifications d’achat ou de production de ces outils cruciaux pour l’arrêt de la propagation du Covid-19, ont dû passer des nuits difficiles. Moins que les malades et les soignants certes, mais à coups sûrs parfois à s’en rendre un peu « malades » eux-aussi. Les enjeux dramatiques ont dû avoir raison de leur sommeil, et de leur culpabilité. Sans parler de la confiance en leurs outils de prévisions (bien souvent à base de calculs statistiques "infaillibles", de rotation et de couverture de stock) qu’on leur avait pourtant vendu si performants ...

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Prévoir c’est savoir que l’on fait erreur, mais l’erreur, ce serait encore plus de ne pas prévoir.

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Où sont nos pièces ? Quand arrivent-elles chez nos clients ? Pourquoi n’avons-nous pas de stock de sécurité ? Pourquoi cela prend-il autant de temps de livrer ? Pourquoi avons-nous d’autres produits en stock mais pas ceux dont nous avons besoin ? Qui n’a pas fait son job correctement ? Pourquoi manque t’on autant de flexibilité ?

Du déjà vu, déjà entendu ou déjà vécu ?!... Navré, mais je crains que vous n’entendiez encore tout cela à l’avenir …

Ces questions devront être traitées, mais pour l’heure, un seul mot me semble opportun aujourd’hui : MERCI.

 

Merci à vous, logisticiens au sens large, planificateurs, acheteurs, producteurs, entreposeurs, magasiniers, caristes, transporteurs, stockistes, manutentionnaires, agents administratifs d’approvisionnement ou de distribution, préparateurs de commandes, agent d’ordonnancement, techniciens ou chefs de projet en optimisation de flux, …, pour votre engagement, votre ténacité et votre courage à encaisser de telles variations de la demande.

 

De cette crise, vous sortirez forcément accablés de critiques inévitables, mais sans aucun doute plus forts d’avoir fait face.

Je crois très humblement aussi que vous êtes déjà prêts pour les prochaines pénuries, puis surstock, puis pénuries … et que vous recherchez déjà en permanence dans vos choix et décisions au quotidien, la nuance entre le « ni trop de stock » (on pourrait vous le reprocher), « ni trop peu de stock » (on pourrait aussi vous le reprocher !). C’est simplement l’essence de nos métiers.

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Les solutions d’avenir seront peut-être à chercher dans l’agilité et la solidarité, la collaboration et la durabilité, la transparence et la transversalité. Oui, c’est possible, les innombrables initiatives solidaires actuelles le démontrent mieux que tout grand discours ou toute théorie.

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Que vous soyez planificateurs, prévisionnistes, business analysts, statisticiens, data scientists, Head of Supply Chain, Directeur Logistique, Supply Chain ou des Opérations, ou même voyants-médiums en charge de prendre des décisions sur les niveaux de stock, ou sur l’organisation des flux, votre responsabilité est plus grande qu’il n’y parait parfois, alors, bon courage, et surtout, soyez forts car nous avons besoin de vous !...

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Gilles BOIX

Consultant en Supply Chain Management – Spécialiste PIC et Organisations Transversales

Directeur du Programme Supply Chain Management – Faculté Economie & Management – Université de Genève

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